A Chambéry : un format d’atelier pour intégrer les habitants à la réflexion du budget municipal

Voilà que sur le réseau d’échanges Discord d’Actions Communes, je vois passer une invitation à un atelier pédagogique pour tout comprendre du budget de la ville. Proposé par Martin Noblecourt, 1er adjoint à la ville de Chambéry et son équipe, ils nous proposent une mise en situation ludique dans la construction d’un Plan Pluriannuel d’Investissement (PPI), qui détermine une vision, des choix politiques d’investissement sur une mandature.

Ca tombe bien en congé dans le coin, la météo des plus plombantes, ne m’a pas fait hésiter un instant.
Me voilà ce mardi de 8 janvier à 18 heures, dans une superbe salle municipale pour 4h d’atelier. Wahooo ! ils ne font pas semblant, me dis-je.

Le cadre des quatre heures est posé. Martin nous déroule la construction d’un budget municipal.

Il explicite la complexité budgétaire avec des mots simples, aidé d’un diaporama fourni par ses services dont le design graphique a été retravaillé par l’agent en charge de la citoyenneté. En une heure, les propos appuyés par ses illustrations pédagogiques permettent au public néophyte de commencer avec une base de connaissance solide, chapeau !

Après des temps de retours, questions/réponses, éclaircissements, les 70 personnes présentes se répartissent par petits groupes.

Sur chaque table, 5 personnes et une feuille grand format. Des cartes « projet » nous permettent de composer des scénarios (rénovation des écoles, végétalisation des cours d’école, création d’une nouvelle médiathèque, réhabilitation d’un bâtiment pour accueillir des personnes précaires, aide aux commerces du centre villes, etc.).

Durant plus d’une heure, avec « mes camarades de jeux », nous élaborons des choix d’investissement pour la commune sous la forme de scénarios.

On aurait envie de tout faire, mais attention, la difficulté est d’inscrire les dépenses d’investissement déjà engagées les années précédentes, les dépenses d’investissements courantes (réfection des routes, rénovation du patrimoine, bâti communal,etc.). Aïe ! La marge se resserre déjà… des choix doivent s’opérer, il faut trancher.

On avance, le tableau se remplit vite…mais c’était sans compter sur les cartes « » et « » que les animatrices tout au long de l’atelier nous invitent à retourner.

Et là,  Bing ! On nous annonce que le taux d’inflation augmente de 3% ! Une autre carte nous informe de l’augmentation de l’énergie ! Nos marges se resserrent davantage, on doit s’adapter. Nos choix, consciencieusement argumentés, débattus pour arriver à un compromis, sont durement jugés. Fait-on marche arrière sur tel projet, ou maintenons-le en abandonnant tel autre ?

Passionnant ! Les 1h30 ont filé très vite.

Est venu le temps du débriefing : les participants se mélangent pour partager leurs ressentis, leurs remarques, leurs choix, leurs frustrations.

Cette mise en situation est une première, nous proposons également quelques améliorations sur l’atelier avant de terminer par un verre et un buffet offert par la commune.

Ces quatre heures ne m’ont pas paru longues, bien au contraire. Il faut donner du temps sur des sujets aussi complexes. La pédagogie et la mise en situation ludique ont grandement contribué à comprendre et à s’impliquer, une vraie réussite !

On pourrait imaginer utiliser cet outil en amont d’une campagne électorale par exemple. Il permet en effet de poser concrètement les enjeux, une vision politique face aux contraintes auxquels une commune doit faire face. Il permet également d’éclairer les habitants sur l’arbitrage et l’éventuelle nécessité d’augmenter les impôts locaux ou de trouver des pistes économiques pour consolider tel ou tel projet qui tient à cœur, ou alors y renoncer, volontairement.

Dans l’idéal de renouer avec une démocratie vivante, le Plan Pluriannuel d’Investissement doit s’imposer à nos schémas de gouvernance, avec la transparence due aux citoyens-nes pour arriver à une codécision élus-agents-habitants.

Bien sûr, en amont, un processus de véritable espace de débat, d’expertise, de montée en compétences et d’information, doit s’organiser et se planifier. L’échange discursif entre les citoyens.nes doit permettre de faire partager des conceptions différentes du bien commun et de faire ainsi entrer en jeu le pluralisme des points de vue, pour arriver à une réelle démocratie participative et délibérative.

Et bonne nouvelle : la commune de Chambéry prévoit de mettre ce « jeu sérieux » à disposition de tous quand il sera finalisé !

Merci aux agent.es de la commune de Chambéry et aux élu.es qui ont mis en œuvre cet outil démocratique !

Vincent Beillard, habitant de la commune de Saillans (Drôme) et membre d’Actions Communes, le Réseau des communes et collectifs participatifs.