C’est quoi un collectif participatif ?

LISTES CITOYENNES ET PARTICIPATIVES (LCP)

Les Listes Citoyennes et Participatives (LCP) constituent l’une des tendances les plus marquantes de la campagne pour les élections municipales françaises de 2020. À l’ère des « démocraties de l’abstention » (Braconnier et Dormagen, 2007), des entreprises électorales, plus ou moins inédites, plus ou moins spontanées, plus ou moins citoyennes, s’autoproclament « liste citoyenne », « liste participative » et/ou « liste citoyenne et participative ». On recense ces trois appellations, sans que l’examen sémantique de leur contenu ne permette de dégager des lignes de partage signifiantes et cohérentes. Leur usage est aléatoire et dépourvu de logique car il peut désigner invariablement des processus de nature différente et chacun d’eux peut-être, tout aussi indifféremment, utilisé pour qualifier une même liste. Pour cette raison, on n’opère pas de distinction sémantique et l’appellation Liste Citoyenne et Participative est ici retenue. À la fois très large et très ténu dénominateur commun, la dénomination LCP, sous tendue par l’idée d’inclusion citoyenne, estampille des arrangements et des processus électoraux d’une grande labilité, plasticité et variabilité. Comme toute autre campagne électorale, 2020 développe sa propre rhétorique. « Commun » et « citoyen », placés en suffixes du nom des communes, battent des records au classement des noms de listes. Également constaté : un regain d’intérêt pour le communalisme et le municipalisme, concepts qui pensent la transformation de la société par le niveau local et la réappropriation politique directe des habitant·es (Bookchin et Colau 2018 ; Bookchin, 2021 ; Durand-Folco et Van Outryve, 2021). Inégaux selon les listes, dans certains cas explicites et maîtrisés, dans d’autres, absents et méconnus, leurs usages ne peuvent laisser croire en un développement spontané et généralisé du courant municipaliste en 2020. Cependant, avec pour enjeu central l’étendue de la notion de citoyenneté, certaines de ces listes présentent des relations avec le municipalisme en ce qu’elles ont pour ambition de faire voler en éclats l’habituelle opposition entre démocratie représentative et participative (Blondiaux, 2008) en situant la participation citoyenne dans les arènes représentatives que sont la campagne, l’élection, le mandat (Petit, 2021).

 

L’ESSOR DES LISTES PARTICIPATIVES EN 2020 : INSPIRATIONS ET MISE EN CONTEXTE

Les LCP sont concomitantes de mouvements sociaux, tels que les ZAD, Nuit Debout, les Gilets jaunes et partagent leurs revendications en faveur d’une distribution plus équitable du pouvoir. De fait, les LCPsont souvent constituées sur la base d’une dénonciation de l’élitisme du personnel politique et de son hyper-professionnalisation : des représenté·es qui ne se sentent ou ne se veulent plus représenté·es, des promesses déçues de la Convention Citoyenne pour le Climat, du « Grand Débat » et autres instrumentalisations participatives, entre autres arguments mobilisés par les promoteur·rices de listes citoyennes. Elles s’inscrivent ainsi dans un « air du temps » favorable au développement du paradigme citoyen valorisant le noviciat politique, une démocratie plus inclusive et le développement du pouvoir d’agir (Bachir, 2018).

La nouveauté des LCP peut être relativisée. En 2001 déjà, « 100 % Motivé-e-s », liste toulousaine menée par le groupe de musique Zebda, avait réuni plus de 12 % des voix. En 2014, à Saillans, la victoire d’une équipe de nouveaux entrants en politique, fera de ce village de la Drôme un laboratoire de la participation démocratique autant qu’un modèle inspirant. Sans oublier les pionniers du renouveau démocratique municipal qui laissaient entrevoir des formes plus collaboratives : Grenoble et les Groupes d’Action Municipaux dans les années 1970, Loos-en-Gohelle, Kingersheim, Trémargat, Ungersheim (Dau, 2020). Au niveau international, la diffusion d’expériences inspirées du municipalisme libertaire (Bookchin, 2003), compte parmi les possibles sources d’inspiration, dans les formes et les fondements, de certaines LCP. C’est le cas de Los Indignados, Podemos (Nez, 2022), Barcelona en Comú (Espagne), des femmes du Rojava (Kurdistan), des Villes sans peur ou Fearless Cities(Mouvements, 2020).

Toutefois, dans le cas français, l’élection municipale de 2020 marque un tournant numérique et signale le succès des références citoyennes et participatives.

Essor des listes citoyenne et participative en 2020

La campagne municipale se remarque par l’essor numérique des LCP : une dizaine en 2014, on en recense entre 600 et 800 en 2020. Leur multiplication en est une caractéristique, même s’il est difficile de se prononcer sur une quantification exacte et exhaustive tant la catégorie est plastique et labile (Gourgues, Lebrou et Sainty, 2020). Le droit et les inscriptions institutionnelles ne sont ici d’aucun secours. La catégorie LCP n’entre pas dans les classifications juridiques, et administratives, ni dans celle du Ministère de l’intérieur qui enregistre le dépôt des listes électorales. Leur chiffrage est également hasardeux dans la mesure où ces listes sont auto-proclamées, citoyennes et/participatives, par leurs candidat·es et promoteur·rice. Elles se déploient sur l’ensemble des territoires — urbains, péri-urbains, ruraux —, touchent indistinctement de grandes villes (Marseille, Montpellier, Nantes, Toulouse), des communes de taille moyenne (Poitiers, Albi, Annecy, Auray, Brest, Chambéry, Poitiers, Quimper) et des municipalités de taille plus modeste (Castanet-Tolosan, Elne, La Crèche, La Montagne, Melle, Saint Médard-en-Jalles, Plouguerneau, Vaour etc.)

Les succès d’un label

Les actes d’auto-proclamation et d’auto-inscription (sur les plateformes en ligne et sites dédiés, la Plateforme Nationale des Listes Participatives pour 2020 – 2026 – 2032, la cartographie d’Action Commune etc.) sont au cœur de la construction de l’objet. Les références citoyennes et participatives prennent de l’ampleur. Elles sont le fait des candidat·es, des professionnel·les de l’accompagnement et de la formation, des médias et aussi des chercheuses et chercheurs qui, en étudiant et en nommant les listes, participent à la construction de la catégorie. Il ne m’appartient pas de fixer une définition de ce que ce sont ou ne sont pas les LCP et ne peux que m’en remettre à l’auto-proclamation et aux procédés d’étiquetage (théorie de l’étiquetage ou labeling theory : Becker, 1963 ; 2020). La sociologie des LCPsuppose de partir de ces énoncés performatifs (Austin, 1991), d’en saisir les contenus pour mettre en évidence les réalités multiples qui s’y déploient. A partir de là, et malgré l’extrême variabilité de situations, il est possible de mettre en lumière des typologies assez nettes des LCP. Ces typologies prennent appui sur le croisement de plusieurs variables. La plus structurante d’entre elles est la nature, partisane ou citoyenne, de l’initiative de la liste.

De cette initiative, découlent d’autres facteurs distinctifs :
• le degré de discrétion ou d’indiscrétion partisane ;
• les temporalités (stratégie spontanée, improvisée ou inscrite dans la durée) ;
• la sophistication et l’innovation des procédures pour la sélection des candidat·es, l’élaboration des programmes et dans les modes de faire campagne ;
• la sociologie des candidat·es ;
•les contenus des programmes plus ou moins transitionnels érigeant, ou pas, la justice sociale, l’environnement et la démocratie en enjeux programmatiques.

 

TROIS IDÉAUX-TYPES DES LISTES PARTICIPATIVES

A partir du croisement de ces paramètres, trois idéaux-types d’entrée en lice se dégagent. Les deux premiers modèles, citoyennisation d’une part, et hybridation des listes d’autre part, sont d’initiative partisane. Un troisième modèle, à l’initiative de collectifs citoyen·nes et non plus des organisations politiques, apparaît davantage porteur de transitions démocratiques dans les modes de faire de la politique et articule de manière inédite la question sociale, environnementale et démocratique qui augure d’un municipalisme à la française en gestation. Pour cette raison, le modèle des LCPtransitionnelles occupe une place plus importante dans mes enquêtes et dans cette présentation.

Citoyennisation partisane des listes

Citoyennisation : l’expression rend compte de processus par lesquels des organisations partisanes s’emparent du label LCP et en font un usage discursif et électoraliste. Ces initiatives émanent exclusivement des partis politiques et s’apparentent à des stratégies de rassemblement sous forme d’habillages citoyen·nes. Elles tentent, en vain, de rendre moins visibles des marques politiques qui peuvent être considérées comme encombrantes ou trop coûteuses à l’échelon local. Á l’instar d’un green-washing, écologisation ou verdissement des agendas politiques dans le sillage du succès des marches mondiales pour le Climat et des scores électoraux de EELV aux élections européennes de mai 2019, en 2020 la citoyennisation (voire citizen washing) est perçue comme rentable politiquement, au point de susciter des formes de citizen-branding. Ériger la citoyennisation en marque permet alors d’assurer une discrétion partisane favorable aux partis politiques dépourvus d’implantation dans la démocratie locale. Typiquement, La République en Marche, sans enracinement municipal, ainsi que La France Insoumise refusant les alliances avec le Parti Socialiste, ont investi des listes selon ce procédé. Certaines listes du Rassemblement National se sont également inscrites dans une démarche similaire. Ici, la citoyennisation prend la forme de bricolages dans le contexte immédiat de la campagne, les candidat·es sont coopté·es par les organisations, l’aspect participatif du programme et les innovations procédurales sont très faibles, voire inexistants.

Hybridation et innovations procédurales d’initiative partisanes

Dans ce second type de listes, à la différence du précédent, il n’y a pas de recherche de discrétion politique. Au contraire, les marqueurs, emblèmes et sigles partisans sont assumés et les partiss’engagent à recruter au moins 50% des colistier·es en dehors de leurs rangs (souvent un ou une candidat·e sur deux positionné·e du début à la fin de la liste). La liste d’union des gauches, Amiens C’est L’Tien, est symptomatique de cette hybridation. Les procédures d’appel des « candidat·es citoyen·nes » sont marquées par leur sophistication, bien que pensées et élaborées sur le mode incrémental au rythme de la campagne. Le recrutement citoyen se décompose en quatre phases : comité électoral, audition des candidat·es, débats et votes, votation en ligne de l’ensemble des sympathisant·es inscrit·es sur une plateforme dédiée à la validation définitive de la liste. La définition de candidat·e citoyen·ne est le fait des organisations : « non encarté·e, jamais eu de mandat, jamais été salarié·e d’un parti ». Les partis politiques restent maîtres du jeu et dans la compétition qui les oppose au sein de la gauche plurielle, chacun coopte ses proches et fidèles. La désignation des candidat·es des partis politiques avant celle des citoyen·es n’est pas la méthode la plus satisfaisante. Il en résulte que la variable citoyenne autorise des ajustements et des correctifs tendant vers plus de représentativité. De ce fait, deux profils sociologiques types ressortent des candidatures hors partis. D’un côté des citoyen·nes très politisé·es, engagé·es (associations, syndicats, collectifs), en mal, en rupture ou en quête d’organisation. Surdiplômé·es, ils et elles sont choisi·es autant pour des raisons affinitaires que capacitaires. De l’autre, des candidates principalement, éloignées de la vie politique, racisées et issues des quartiers populaires. Il en découle de nouvelles dispositions partisanes et un renouvellement des filières de recrutement militantes permettant l’inclusion d’adhérent·es que les attributs sociaux éloignaient de la politique. Minoritaires, les élu·es de la liste Amiens c’est le Tien (AMCLT) se divisent en trois groupes d’opposition, reprenant ainsi, dès le lendemain du second tour, les appartenances partisanes (AMCLT, PS, PC). Les élu·es citoyen·nes se répartissent pareillement, derrière le groupe éponyme de la liste ou sous les bannières classiques des partis politiques. Parmi les ex-candidat·es citoyen·nes de l’élection municipale, plusieurs briguent à sa suite d’autres mandats (départemental, régional, législatif) sous étiquettes PS, PC, LFI, NUPES. Le programme de la liste hybride amiénoise demeure peu ambitieux sur l’aspect démocratique, même si le RIC et le mandat révocable y figurent. La proposition participative la plus opérationnelle consiste en une augmentation des sommes allouées au désormais très institutionnalisé et peu innovant budget participatif.

Des LCP en transition : des citoyen·nes auto-enlisté·es. Vers un municipalisme à la française ?

Ce troisième et dernier type d’entrée en lice est d’initiative citoyenne et non partisane. Ici le collectif est premier et résulte de mobilisations et de luttes locales constituées en amont et en dehors des ambitions électorales (24 à 48 mois avant la constitution de la liste). L’élection n’est pas le seul horizon de ces collectifs qui préexistent et perdurent à l’échéance électorale. : Archipel Citoyen, Auray Ville Citoyenne, Castanet en Commun, Chambé Citoyenne, La Crèche en Transition Citoyenne, Donnons du Relief à La Montagne, Nous Sommes Montpellier, Nantes en Commun, Démocratie sur le Plateau des Petites Roches, Poitiers Collectif, Plouguerneau en Commun, Quimper Ensemble, Saint Médard en Jalles Demain, Vaour Citoyens etc. Il ressort de mon enquête par questionnaires et entretiens menée entre 2020 et 2022 auprès d’ex candidat·es élu·es, que 78% d’entre eux sont novices en politique et primo-entrants en mandature. Ces LCP recrutent majoritairement parmi les classes moyennes et supérieures, à haut niveau de diplômes (Licence, Master, Doctorat), exerçant dans le secteur public, des enseignant·es, des professions intellectuelles, artistiques, socio-éducatives et de santé, et des métiers de la consultance, du coaching et du développement personnel (base électorale classique de la gauche). À la différence des listes traditionnelles dites sans étiquette, formant un entre soi de notables locaux non professionnels (Koebel, 2006 ; 2008), au degré élevé d’autochtonie (Retière, 2003), les LCP d’initiative citoyenne sont le fait de candidat·es majoritairement allochtones, et ce, quelle que soit la taille de la ville. Malgré l’éclatement apparent de ces listes, des invariants forts et stabilisés, présentés ci-dessous, autorisent à en faire une catégorie (Bachir, 2020). Avec une écrasante et évidente prédisposition à gauche, les candidat·es citoyen·nes mobilisent autour des communs et d’une démocratie par le bas ce qui tend à les rapprocher du municipalisme. Tropisme d’une gauche qui a l’ambition d’opérer la synthèse entre transitions sociale, écologique et démocratique, ces listes sont des laboratoires d’inventivité démocratique.

Elles sont reconnaissables par une appétence procédurale et par une profusion d’expérimentations méthodologiques. Des modes de faire autrement sont manifestes à trois niveaux : fabrique citoyenne du programme, modes de sélection des candidat·es sophistiqués, engagement en faveur d’une action publique plus collaborative incluant des formes de démocratie directe en cas d’élection. Ici le programme est construit avec les habitant·es, et mobilise des modes de faire campagne − ludiques, artistiques, numériques− dans l’espace public. Les candidatures sont issues du tirage au sort, de la co-désignation, d’élections sans têtes de listes et de listes sans candidat·es. Les décisions sont prises au consentement, au jugement majoritaire, à main levée, en ligne. Il en ressort de nouveaux profils de candidat·es et d’élu·es avec une forte tendance au rajeunissement, notamment féminin. L’engagement en faveur d’une action publique plus collaborative, horizontale et éthique, et le recours à des outils de démocratie directe est un élément phare qui guide ce troisième type de LCP. Référendum d’initiative citoyenne, reconnaissance du droit d’interpellation, contrôle citoyen de l’action publique, révocabilité des élu·es, non-cumul des mandats, transparence, ces engagements sont inscrits dans des chartes éthiques et déontologiques co-signées par les candidat·es, dont Anticor, mais pas exclusivement. L’engouement méthodologique laisse à penser que les transformations démocratiques souhaitées par ces LCP transitionnelles sont envisagées par le prisme des instruments. La question du comment prime parfois sur celle du pourquoi au détriment du sens politique. Cet intérêt pour les dispositifs et les méthodes risque de mener vers un gouvernement de et par les instruments. Le primat donné aux formes peut aboutir à une homogénéisation des modes de faire, à une forme de prêt à penser transitionnel qui peut parfois frôler le fétichisme de la technique ou la panoplie du bon élève de la transition démocratique communale. Cette spécificité française (Dau, 2020) trouve son explication dans la présence en France d’organismes de formations aux outils d’ingénierie participative, d’intelligence collective et d’éducation populaire, qui accompagnent et parfois impulsent les processus de transition démocratiques (Mazeaud et Nonjon, 2018). Elle témoigne des conditions sociales particulières du développement d’un municipalisme à la française.

Le caractère premier et décisionnaire des collectifs citoyen·nes ne signifie pas la « fin des partis » (Martinache et Sawicki, 2020). Des encarté·es y prennent place, soit individuellement (la tête de liste et Maire de Poitiers EELV se présente derrière l’étiquette Poitiers Collectif et s’en réclame au local, La Crèche), soit par ralliement de partis dès le premier tour (Toulouse, Poitiers, Quimper, Castanet), soit par des alliances entre les deux tours (Chambéry, Saint-Médard en Jalles, Tours). Ces rapprochements ne sont pas sans produire de lignes de tensions et des divergences d’approches pendant la campagne et en cours de mandat. C’est le cas de Salernes, Toulouse, Marseille (Bachir et al, 2023). Les victoires électorales des LCP d’initiatives citoyennes à l’échelle du territoire national sont modestes : 66 communes sont remportées. Ce chiffre initial s’avère instable du fait d’un mouvement post-élection de ralliement d’élu·es majoritaires et minoritaires et de membres de collectifs de communes, non recensées avant le second tour, qui se découvrent, se reconnaissent progressivement et de manière incrémentale dans le Réseau des Communes Participatives, constitué entre 2020 et 2022 et baptisé par ses membres « Actions Communes » ; le nom est équivoque car il reprend le premier nom de la coopérative Fréquence Commune, au cœur de ce mouvement en développement d’un municipalisme à la française, et avec qui je coopère comme chercheuse embarquée.

 

DES ÉLU·ES, DES COMMUNES ET DES COLLECTIFS EN RÉSEAUX

Ni spontanées ni isolées, loin d’être des foyers atomisés qui s’allumeraient isolement les uns des autres, les LCP du troisième type sont prises dans des réseaux d’accompagnement, de soutien, d’appui et de formation en France, et au-delà : des mouvements et collectifs, tels que Utopia, CommonsPolis, des Communes et des Citoyens, Alternative Territoriale, La Relève Citoyenne, #MAVOIX, 36 000 Communes, Empreintes Citoyennes, la Boussole Démocratique etc., des médias, Socialter, Médiacités, Basta Mag, des formateurs Bruded, Université du Nous, Université du Bien Commun. Fréquence Commune (FC), « La coopérative des Communes Participatives » joue un rôle constituant et consubstantiel de la catégorie listes et communes citoyennes et participatives. D’inspiration municipaliste, constituée en 2021 à partir du collectif Action Commune très actif pendant la campagne, la coopérative Fréquence Commune, regroupe de jeunes surdiplômés, multi positionnels, formateur·rices qui accompagnent ces expérimentations de démocratie locale, à mi-chemin entre un marché de la participation citoyenne et un activisme politique transformateur. Ils et elles sont au cœur de la diffusion du référentiel citoyen et participatif et du développement de synergies entre les collectifs et élu·es pendant et depuis la campagne municipale de 2020 sur l’ensemble du territoire national. Par la diffusion et l’apprentissage de connaissances — Accompagner ; Mettre en Réseaux ; Raconter sont les trois axes qui structurent FC—, les mises en débats et en réseaux, la coopérative Fréquence Commune fédère des collectifs isolés et concourt à la formation d’un monde commun. A l’initiative de ses membres, depuis 2020, trois Rencontres Nationales des Communes Participatives se sont tenues (Autrans 2021, Auray 2022, Saint-Médard en Jalles 2022). Elles ont abouti, entre autres, à la constitution du Réseau Actions Communes, associant des élu·es majoritaires, minoritaires, des membres de collectifs citoyen·nes municipaux et celles et ceux de Fréquence Commune. La place de FC au sein du Réseau est en cours de débat. Réseau d’entraide, de partage et de mobilisation, il se consolide, se politise, envisage et prépare aussi les futures élections de 2026. Comme cela a été montré dans les développements qui précèdent, les acteurs du Réseau Actions Communes partagent des modes de faire (procédures, dispositifs de démocratie plus directe, collégialité, horizontalisation interne, participation et co-construction avec les habitant·es) et un socle commun de valeurs (triple urgence démocratique climatique et sociale ; réappropriation citoyenne de la politique en partant de l’échelon local), qui autorisent à en faire une catégorie homogène inscrite dans un mouvement social et politique de fond qui augure d’un municipalisme à la française en train de se faire et dont l’histoire est à écrire.

Enfin, l’épreuve du réel pour les élu·es entrants en 2020 s’est avérée difficile. La première année, beaucoup disent ne pas avoir mesuré le coût de l’entrée. À mi-mandat, les communes participatives sont devenues le théâtre d’expérimentations et de tâtonnements vers un renouveau démocratique qui requiert du temps car il porte sur les cultures politiques et est contraint, entre autres, par le système institutionnel. Les institutions et les autres échelons de gouvernement ne sont ni au même niveau, ni dans la même dynamique transitionnelle. Parmi ceux-ci, les intercommunalités, l’État et l’état du droittendent aujourd’hui à insécuriser et à freiner les processus de transitions démocratiques à l’œuvre au sein des communes participatives.

 

BIBLIOGRAPHIE

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POUR CITER CET ARTICLE :

Bachir, M. (2022). Listes citoyennes. In G. Petit, L. Blondiaux, I. Casillo, J.-M. Fourniau, G. Gourgues, S. Hayat, R. Lefebvre, S. Rui, S. Wojcik, & J. Zetlaoui-Léger (Éds.), Dictionnaire critique et interdisciplinaire de la Participation, DicoPart (2ème édition). GIS Démocratie et Participation.
https://www.dicopart.fr/listes-citoyennes-2022